L’hypocrisie hypocrite entre toutes, c’est la sincérité professionnelle, la sincérité sincériste, disjointe de l’amour: telle est la sincérité diabolique, la vérité machiavélique de celui qui révèle à la police la présence d’un résistant caché dans le grenier, simplement parce que c’est vrai. Cette véracité littéralement véridique est moralement un mensonge; et vice versa, ce qui est littéralement un mensonge est littéralement la vérité. Et ainsi mentir au tyran, c’est dire la vérité: mentir à un nazi, n’en déplaise à Kant, c’est le plus sacré des devoirs.
Jankélévitch, Quelque part dans l’inachevé? Flammarion, 1981, p. 123.
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