La conscience psychologique est un simple témoin, la conscience morale est un juge. Tandis que la conscience psychologique est une lumière qui constate ce qui est la conscience morale est comme une « voix » intérieure qui prescrit ce que nous devons faire. La conscience psychologique révèle ce qui est, la conscience morale ordonne ce qui doit être (avant d'agir, ses jugements se présentent à nous sous la forme d'une exigence, d'un scrupule; après l'action, ils se traduisent par un sentiment de satisfaction ou de remords). Toutefois la conscience psychologique et la conscience morale ne sont pas sans relations. En réalité, si le problème moral se pose pour l'homme, c'est d'abord parce qu'il a une conscience au sens psychologique du mot. L'animal n'a pas, semble-t-il, de conscience psychologique (tout au plus une conscience très confuse) parce que, à toutes les situations que le milieu lui propose, il trouve une réponse toute faite dans ses réflexes innés ou dans les automatismes du dressage. Au niveau humain, au contraire, entre la situation donnée et le comportement qui suivra, il y a comme une lacune, le temps d'une hésitation, d'une réflexion - et cette lacune c'est en quelque sorte la conscience psychologique. Prendre conscience de nos actes, c'est prendre un certain recul sur nos actes qui nous permet de concevoir d'autres actes possibles. Avoir conscience (au sens psychologique), c'est ne pas rester prisonnier du présent et du réel, c'est concevoir l'avenir qui pourra être, le passé qui a été ou celui qui aurait pu être.
Alain, Minerve ou de la sagesse.
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