Le freudisme a pour les consciences faibles quelque chose de fascinant qui traduit bien son succès mondain : ce succès n’est point étranger à son essence, mais en exprime l’incidence inévitable sur la conscience moderne. Celle-ci y pressent sa ruine et peut-être que toute passion, qui est un certain vertige de la liberté, y suppute, avec une perspicacité diabolique, son meilleur alibi. La conscience cherche une irresponsabilité de principe dans sa propre régression au vital, à l’infantile et à l’ancestral ; le goût pour les explications freudiennes, en tant qu’elles sont une doctrine totale de l’homme en chacun, c’est le goût pour les descentes aux enfers, afin d’y invoquer les fatalités d’en-bas.
Paul Ricœur , Philosophie de la volonté
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