Pour ce qui était du corps, je ne doutais nullement de sa nature, mais je pensais la connaître fort distinctement ; et si je l’eusse voulu expliquer suivant les notions que j’en avais alors, je l’eusse décrite en cette sorte : par le corps, j’entends tout ce qui peut être terminé par quelque figure, qui peut être compris en quelque lieu, et remplir un espace en telle sorte que tout autre corps en soit exclu ; qui peut être senti, ou par l’attouchement, ou par la vue, ou par l’ouïe, ou par le goût, ou par l’odorat ; qui peut être mû en plusieurs façons, non pas à la vérité par lui-même, mais par quelque chose d’étranger duquel il soit touché, et dont il reçoive l’impression ; car d’avoir la puissance de se mouvoir de soi-même, comme aussi de sentir ou de penser, je ne croyais nullement que cela appartînt à la nature du corps ; au contraire, je m’étonnais plutôt de voir que de semblables facultés se rencontraient en quelques-uns.
Descartes, Médiations métaphysiques, Deuxième méditation.
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