En tout genre de spéculation et de recherche, la plus banale comme la plus relevée, il semble qu'il y ait deux attitudes possibles : à l'une convient le nom de science de l'objet, à l'autre celui d'une certaine espèce de culture. En effet, c'est bien le propre d'un esprit cultivé que de pouvoir porter un jugement pertinent sur la forme bonne ou mauvaise d'un exposé. Car c'est à cela précisément que nous reconnaissons l'homme cultivé, et nous considérons que posséder à fond cette culture c'est montrer l'aptitude dont nous venons de parler. Avec cette restriction, toutefois, que nous regardons cette personne cultivée comme capable de juger à elle seule pour ainsi dire de tout, tandis qu'une autre n'est à même de le faire que dans un domaine déterminé. On pourrait, en effet, en concevoir une autre qui aurait les mêmes dispositions que la première mais à propos d'un objet restreint. Il en résulte évidemment que dans les sciences naturelles comme ailleurs il doit exister certaines notions que l'on pose comme règles pour apprécier la forme des démonstrations, sans se demander quelle est la vérité, si elle est ainsi ou autrement. Je veux parler, par exemple, de la question de savoir s'il faut s'occuper à part de chaque être et le définir isolément, étudier la nature de l'homme, celle du lion, celle du bœuf ou de tout autre animal, en les prenant chacun séparément, ou bien s'il faut d'abord procéder à une étude générale des traits communs à tous ces animaux.
Aristote (384-322), Les Parties des animaux, Livre I, 1, tr. P. Louis, Paris, Les Belles Lettres, 1956, p. 1-3
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