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Force de la conscience morale

La conscience, au sens ordinaire du terme, semble s’être perdue en Allemagne, au point que les gens avaient pour ainsi dire oublié qu’elle existât, et que le monde extérieur n’avait pas adopté l’étonnant « nouveau système de valeurs allemandes ».

Mais ce n’est pas là toute la vérité. Il y avait des individus en Allemagne, qui, dès le début du régime hitlérien, s’opposèrent à Hitler sans jamais vaciller. Nul ne sait combien ils étaient — peut-être cent mille, peut-être beaucoup plus, ou beaucoup moins — car on n’entendit jamais leurs voix. On en trouvait partout, dans toutes les couches de la société, chez les gens simples et chez les gens instruits, dans tous les partis et peut-être même dans les rangs du N.S.D.A.P. (…) Quelques-uns prenaient le serment au sérieux : ils préféraient, par exemple, renoncer à une carrière universitaire plutôt que de prêter serment à Hitler. Plus nombreux étaient les ouvriers, à Berlin surtout, et les intellectuels socialistes qui tentaient d’aider les Juifs. Il y avait, enfin, ces deux petits paysans (…) : vers la fin de la guerre, ils furent appelés sous le drapeau S.S. Ils refusèrent de signer. Condamnés à mort, ils furent exécutés. Mais ils écrivirent, le jour de leur exécution, une dernière lettre à leur famille : « Nous préférons mourir plutôt que de charger notre conscience d’un poids aussi terrible. Nous savons quels sont les ordres qu’exécutent les S.S. » La situation de ces gens qui, sur le plan pratique, ne faisaient rien, était très différente de celle des conspirateurs. Ils avaient gardé intacte la faculté de distinguer entre le bien et le mal.

Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem.

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