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Quel critère pour l'œuvre d'art?

L’activité de l’œuvre occupe une place intermédiaire dans la hiérarchie des activités humaines, car elle est liée à la permanence du monde. La permanence des objets fabriqués constitue pour les hommes, en effet, une sorte de patrie terrestre où habiter. Parmi les objets artificiels, les œuvres d’art bénéficient d’une longévité exceptionnelle qui leur confère une valeur éminente.

        En raison de leur éminente permanence, les œuvres d’art sont de tous les objets tangibles les plus intensément du-monde ; leur durabilité est presque invulnérable aux effets corrosifs des processus naturels, puisqu’elles ne sont pas soumises à l’utilisation qu’en feraient les créatures vivantes, utilisation qui, en effet, loin d’actualiser leur finalité — comme la finalité d’une chaise lorsqu’on s’assied dessus— ne peut que les détruire. Ainsi leur durabilité est-elle d’un ordre plus élevé que celle dont tous les objets ont besoin pour exister ; elle peut atteindre à la permanence à travers les siècles. Dans cette permanence, la stabilité même de l’artifice humain qui, habité et utilisé par des mortels, ne saurait être absolu, acquiert une représentation propre. Nulle part la durabilité pure du monde des objets n’apparaît avec autant de clarté, nulle part, par conséquent, ce monde d’objets ne se révèle de façon aussi spectaculaire comme la patrie non mortelle d’êtres mortels. Tout se passe comme si la stabilité du monde se faisait transparente dans la permanence de l’art, de sorte qu’un pressentiment d’immortalité, non pas celle de l’âme ni de la vie, mais d’une chose immortelle accomplie par des mains mortelles, devient tangible et présent pour resplendir et qu’on le voie, pour chanter et qu’on l’entende, pour parler à qui voudra lire.

La Condition de l’homme moderne, traduction Georges Fradier, Calmann-Lévy, 1983, p. 223.

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