La mémoire reprend et retourne et suspend le déjà accompli de la naissance de la nature. La fécondité échappe à l’instant ponctuel de la mort. Par la mémoire, je me fonde après coup, rétroactivement : j’assume aujourd’hui ce qui, dans le passé absolu de l’origine, n’avait pas de sujet pour être reçu et qui, dès lors, pesait comme une fatalité. Par la mémoire, j’assume et remets en question. La mémoire réalise l’impossibilité : la mémoire, après coup, assume la passivité du passé et le maîtrise. La mémoire comme inversion du temps historique est l’essence de l’intériorité.
Levinas, Totalité et infini, Livre de Poche p. 49.
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